Pour moi, un cours de théâtre est d’abord l’apprentissage de la Troupe, d’abord un regard posé sur l’Autre, car l’Autre est à mon sens essentiel à l’acte théâtral. L’Autre, c’est aussi les Autres, le texte, la scénographie, le ou les partenaires de jeu, le corps et la voix des Autres, sa propre voix, son propre corps, etc. Et ne pas prendre conscience de tout cela en jouant serait réducteur.
C’est pourquoi chaque séance de travail commence par un travail physique soutenu, pendant lequel les apparences, le vernis doivent s’effondrer.
Appréhender l’espace, ouvrir ses sens au monde environnant, au présent.
Apprendre à solliciter son corps, dans un effort sain, collectif, mais aussi dans ses propres limites. Pas de compétition. La seule qui existe, c’est avec soi. Les cris, les hurlements d’encouragement de ses camarades lors d’exercices ludiques mais aussi intenses, où le cœur monte en régime, confèrent à la constitution d’un groupe de travail, un vrai.
Là commence le Théâtre : les émotions vraies, l’essoufflement, la fatigue, l’envie de se dépasser, la relation forte avec l’Autre, et le plaisir immense de sentir son corps progresser entouré de comédiennes et comédiens ayant un seul objectif commun : aller plus loin, encore et toujours, pour atteindre cette fondamentale détente nécessaire au jeu de l’acteur.
Courir, marcher, crier, rire, pleurer, jongler, murmurer, manipuler des balles, des armes – fictives – de théâtre : bâtons, couteaux en bois, revolvers, puis rire encore, muscler ses abdominaux, « faire sa voix », respirer, chanter, danser, s’étirer longuement, etc. Tout ceci fait partie du quotidien : ce sont à mon sens les gammes de l’acteur.
Ensuite, que ce soit en improvisation, en travail de scènes, en création de spectacles, l’énergie que l’on apprend à convoquer chaque jour doit s’imprimer dans tout acte théâtral. La création d’un personnage passe par tout un processus d’exploration et de répétition.
François Ha Van